18 mai 2006
Publicité
Publicité
Publicité
Publicité
10 mars 2005
Passage d'une porte au XVIIIème siècle
-Je ne puis supporter que vous passiez devant moi. En effet, s'il est fort bienséant de tenter de céder la place à son vis-à-vis, il me semble défendable, pour ne pas dire normal, de s'efforcer, avec une motivation appréciable, de convaincre son opposant au passage qu'il rêve de faire en tête, et ce même si vous, marquis, considérez important d'entrer le premier, ce que l'honneur seul vous interdit. Si vous rêvez d'entrer avec le panache éclatant qu'acquiert celui à qui échoit l'honneur d'être le premier, ne le ternissez pas de l'ombre triste et sale d'avoir été traître à la morale. Cependant, je ne vous demande pas d'être honnête, l'idée ne m'en serait pas venue; ce n'est pas nécessaire et ne saurait même que nuire à votre image publique. Je vous demande uniquement, cher marquis, de réfréner les élans qui vous accablent, auxquels votre âge, bien que peu avancé, ne vous autorise plus, et d'accorder plus d'importance à cette culture, si noble et si belle, dont notre pays peut, à juste titre, s'enorgueillir. Ainsi, je vous crois flatté de la chance que je vous offre en ne vous tenant pas rigueur de cette impolitesse.» Avant que le jeune marquis n'ait eu le temps de répondre, il franchit la porte.
10 mars 2005
Poulets rôtis
Ils sont des centaines, et ils rôtissent. Entassés en lignes serrées, ils tournent régulièrement, pour mieux exposer leurs chairs à la chaleur. De temps en temps, ils se couvrent d'une sorte de jus de cuisson, une substance plutôt grasse, pour donner plus de parfum et une consistance plus tendre à leur viande. Parfois, ils mettent aussi leur peau en contact avec de l'eau, pour éviter qu'elle dessèche et qu'elle se craquelle. Ils bronzent. Ils ne laissent que quelques centimètres entre leurs linges; apparemment, ils préfèrent l'élevage en batteries.
10 mars 2005
Des forces courbent et secouent certaines
Des forces courbent et secouent certaines silhouettes, qui prennent des poses torturées. D'autres s'élèvent vers le ciel, trop dures pour ressentir. Soufflée par un vent invisible, la forêt s'efforce de croître. Il n'y a que des bruissements. Au pied des masses sombres, la lumièes apporte une étincelle de vie. Tout reste immobile, et gémit. Mais la sérénité revient; les morts perdent leur poids. Le repos est offert à tous sous les frondaisons de pierre.
Publicité
Publicité